Bertrand Bataille

Painting

Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, le dessin a nourri mes rêveries et mes fantasmes d’enfance. Jules Verne et Gustave Doré m’ont pour la première fois fait pressentir l’existence d’un monde fantastique.

La presse satirique de la fin du XIXième et du début du XXième a fait aussi mon régal d’enfant. « L’Illustration », « L’Assiette au beurre » et « Le Rire » me donnent mes premières leçons de dessin.

Toute enfance est une genèse, et de ces premiers émerveillements, j’ai gardé un goût pour ce monde magique et archaïque qui bat encore au fond de nous. C’est dans les clairs-obscurs du Caravage et des primitifs flamands que j’ai découvert la force narrative de l’ombre et de la lumière. Plus tard, le surréalisme m’a révélé d’existence tangible des rêves qui nous façonnent.
Dans cette obscure clarté, tout balance entre drôlerie, étonnement et dérision.
Les personnages de mes peintures sont les acteurs d’un théâtre métaphorique. Ils semblent quitter l’obscur fond de scène pour venir vers nous. Ils se dévoilent au sens propre et au figuré dans leur nudité, leurs failles et leurs faiblesses, ils se cherchent ou s’évitent, se croisent sans se voir et semblent liés par un destin que personne ne maîtrise.

Extrait d’un article (Ludovic Duhamel, Miroir de l’Art)
« Bertrand Bataille propose une peinture onirique et poétique, plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Il est question tout à la fois du merveilleux et du dérisoire de la vie. Le mariage du quotidien et du fantastique. Il prend des risques, le peintre, et j’aime ça, sa figuration impose un chemin tout en offrant au regardeur le plaisir d’en inventer un autre.
Du grand art. »